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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/142

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oppositions suscitées par la marche de l’esprit même.

À cette conception de la méthode, en effet, est liée l’idée d’un développement de l’esprit. La loi de ce développement consiste en ce que le Moi doit être pour lui-même ce qu’il est en soi. Si, par exemple, dans l’exercice de sa faculté théorique, il se pose comme déterminé par le Non-Moi, il doit se poser ainsi pour lui-même, c’est-à-dire qu’il doit arriver de plus en plus à reconnaître que ce qui lui est apparu comme un objet est au fond son produit. Et il y arrive par des degrés réguliers qui sont les phases rigoureusement liées de son développement, qui l’élèvent jusqu’à la reconnaissance consciente de cette faculté productrice propre qui, un moment dissimulée dans l’activité inconsciente de l’imagination, lui a présenté comme chose étrangère ce qui en réalité venait d’elle. Ce qui est pour le Moi théorique le moteur de ce développement, c’est l’opposition qu’il y a entre la causalité du Non-Moi par laquelle le Moi est affecté et la substantialité du Moi dans laquelle toute réalité est contenue ; cette opposition se résout par la supposition de deux activités, ou plutôt de deux directions contraires d’une même activité, dont l’une, centrifuge, expansive, prolonge sa tendance à l’infini, dont l’autre, centripète, contractée, pose des limites à la première, ramène en quelque sorte le Moi sur lui-même ; c’est par la limitation première de l’activité en soi illimitée que se produit la sensation, et de là partent toutes les formes et tous les degrés de la représentation théorique. Mais au terme de la déduction qui explique cette représentation, quand le Moi est arrivé à prendre conscience que c’est lui-même qui se pose comme