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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/141

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lytique. De la sorte encore la faculté d’application de tels jugements reste limitée au domaine de la seule intuition dont nous disposons, et qui est l’intuition sensible. — D’un autre côté, bien qu’il eût protesté contre l’empirisme d’Aristote dans sa façon d’établir la liste des catégories, Kant s’était contenté d’un procédé encore bien empirique, puisqu’il n’étudie pas de quelle façon l’unité transcendantale de l’aperception se spécifie pour opérer de diverses façons l’unité du multiple. Cependant, en conférant au point de vue pratique à une idée pure, à l’idée d’un monde intelligible, le pouvoir de fournir entre la volonté du sujet et la législation universelle le rôle intermédiaire qui théoriquement n’appartient qu’à l’intuition, Kant définit un pouvoir synthétique de la raison, indépendant de l’intuition sensible. En outre, bien qu’il n’eût pas expressément exposé l’idée d’un développement de l’esprit par thèse, antithèse et synthèse, il avait cependant observé, dans la seconde édition de la Critique de la Raison pure, que dans chaque classe de catégories la troisième exprime l’union de la première et de la deuxième ; que, par exemple, la limitation est la réalité jointe à la négation ; et à la fin de l’Introduction de la Critique de la Faculté de juger, il avait indiqué que l’unité synthétique en général exige trois termes : 1o la condition ; 2o le conditionné ; 3o le concept de l’union du conditionné et de la condition. Fichte a poussé ces indications de Kant dans le sens de l’idéalisme systématique ; il a conçu la fonction synthétique comme la fonction propre de l’esprit, la plus essentielle à l’esprit, et il en a fait une fonction d’autant plus positive qu’il lui assignait la tâche, non pas seulement d’unifier le divers, mais de résoudre les