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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/144

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doctrine de Fichte, nous n’avons pas prétendu faire connaître cette doctrine elle-même, — cela n’est pas dans notre plan, — et pour cette connaissance on peut consulter le livre de Xavier Léon, — nous avons voulu seulement montrer dans quel sens la méthode se détermine et à quels résultats elle conduit. Cette méthode, audacieuse et assurément très aventureuse, présente du moins ce caractère qu’elle est en harmonie avec la sorte d’idéalisme qu’on prétend justifier : ce n’est point, en effet, la transposition ou l’extension de méthodes applicables aux sciences, aux produits organisés de la pensée, — et l’on songe, par antithèse, à Spinoza, étendant à la métaphysique la méthode géométrique. Des méthodes faites pour comprendre des objets ne sont pas faites pour comprendre l’activité productrice du sujet, et la seule méthode qui convienne, c’est celle qui manifeste la loi de développement de cette activité même. À la méthode de Fichte convient aussi peu le nom de déduction qu’on lui a parfois appliqué, parce que sans doute elle opère a priori ; et déjà Fichte le fils (Leben und litterarischer Briefwechsel, 1re édition, I, p. 235) faisait observer l’inexactitude de ce terme en montrant qu’il s’agit plutôt ici d’une démarche, d’un progrès de l’abstrait au concret. Et par cette série régulière de pas en avant, l’esprit tend à retrouver sous forme de conscience ou de réalisation pratique ce qu’il est en lui-même à l’origine, — de telle sorte que par là il n’y a pas seulement système, mais, d’après la prétention de Fichte, système bien clos.