Aller au contenu

Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

II.La méthode de démonstration chez Schelling

Dans la Critique de la Raison pure (pp. 145-146 de la 2e édition), Kant avait dit : « Cette propriété qu’a notre entendement de n’aboutir à l’unité de l’aperception a priori qu’au moyen des catégories, et seulement par des catégories qui sont exactement de cette espèce et de ce nombre, nous pouvons aussi peu en rendre raison que nous ne pouvons expliquer pourquoi nous avons précisément telles fonctions du jugement et non pas d’autres, ou pourquoi l’espace et le temps sont les seules formes de notre intuition possible. » En limitant ainsi l’explication que pouvait fournir la raison de la présence et de la nature des catégories, Kant posait au sein de l’esprit même un je ne sais quoi de donné et de fixé d’avance, qui semblait déterminer la nature de l’esprit sans que l’esprit y eût part. C’est justement contre cette fixation en quelque sorte préalable de quelque chose au sein de l’esprit que s’élève la Doctrine de la Science[1]. Elle ne souffre aucun donné absolu, rien d’immobile en soi ; elle vise à montrer que les catégories, au lieu de se rattacher à des fonctions préexistantes, expriment des actions nécessaires de l’esprit, et elle cherche avant tout à retrouver à quel moment du développement de l’esprit cor-

  1. « Kant, — dit Fichte, — dans la Critique de la Raison pure, part de ce point de la réflexion où le temps, l’espace et l’un divers de l’intuition sont donnés, sont déjà existants dans le Moi et pour le Moi. Nous les avons, nous, déduits a priori, et ce n’est que maintenant qu’ils sont existants dans le Moi. » (Das Eigenthümliche der Wissenschaftslehre, I, p. 411, cf. p. 332.)