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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/156

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il en transpose plus ou moins hardiment le sens. C’est ainsi que, quand il s’approche du système de l’identité, il applique à l’absolu même, d’une façon plus ou moins réelle, la loi de développement du Moi ; et quand il professe explicitement ce système, il use encore de certains procédés de cette méthode pour montrer comment, dans l’Univers, chaque être est une forme de l’identité absolue, dans laquelle il y a soit prépondérance de l’objet sur le sujet, soit du sujet sur l’objet. Ainsi se constitue l’idée de gradation continue s’établissant par des différences quantitatives au sein de l’identité. Mais il faut bien dire que de plus en plus ces formes méthodiques se plient aux conceptions intuitives et mystiques de Schelling.

Ce que Schelling cependant dégage fort bien, et en des formules qui préparent et annoncent Hegel, c’est, pour comprendre le réel dans cette unité de l’infini et du fini qui en est le fond, l’insuffisance de l’entendement abstrait et de la logique ordinaire qui en relève. Dans son Bruno notamment, où il pose la suprématie de l’Idée comme unité de l’intuition et du concept, il insiste sur les séparations et les exclusions que détermine la logique de l’entendement et de la réflexion abstraite, et il déclare que celui qui cherche la philosophie au moyen de cette logique doit renoncer à l’espoir d’y arriver (IV, pp. 299 sq.). — Dans ses Vorlesungen über die Methode des akademischen Studiums, 1803 (la Phénoménologie de l’esprit, de Hegel, est de 1807), Schelling dit formellement : « C’est une doctrine tout à fait empirique que celle qui pose les lois de l’entendement comme absolues, par exemple, que de deux concepts contradictoire-