Aller au contenu

Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et surmontée par l’infinité même du sujet qui l’admet en elle. Le procédé de construction par thèse, antithèse et synthèse vaut donc pour l’explication de la nature comme pour l’explication de l’esprit, et il est lui aussi une marche qui va de l’abstrait au concret, du simple au complexe. — Que la dialectique s’applique à la nature comme à l’esprit, Hegel le retiendra.

Il est moins original de constater que cette méthode Schelling l’applique encore dans son Système de l’idéalisme transcendantal (1800), quand il s’agit de traiter la question inverse de celle que traite la philosophie de la nature. Dans la philosophie de la nature, la question était : comment la nature arrive-t-elle à la connaissance d’elle-même ? Ici la question est : comment l’intelligence aboutit-elle aux objets, à une nature ? Fichte et sa méthode servent ici constamment de modèle. C’est toujours au point de départ la conscience de soi dont les moments opposés, une force idéale et une force réelle, se concilient par leur limitation réciproque. Seulement, dans cette histoire a priori des époques de l’esprit, les degrés de la connaissance sont déterminés dans leur rapport avec les degrés de la nature. Comme chez Fichte d’ailleurs, le principe de la conscience théorique se trouve dans la conscience pratique : seulement, à la différence de Fichte, Schelling cherche finalement dans la beauté et dans l’art le secret de cette identité qui existe entre l’activité consciente et l’activité inconsciente.

D’une façon générale, Schelling n’apporte à la méthode de Fichte aucun renouvellement essentiel ; il l’étend à un autre objet, il l’applique avec plus de souplesse et peut-être moins de rigueur. Il en utilise suivant les cas les divers aspects, et