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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/158

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III.La méthode de démonstration chez Hegel

Aucun esprit de philosophe n’a peut-être plus fortement et plus profondément conçu que l’esprit de Hegel l’idée d’une identité essentielle de la raison et de la réalité, comme aussi l’idée d’une identité essentielle de la méthode qui appartient à la raison et de la marche même de la raison elle-même. La méthode, pour lui, n’est pas seulement une façon d’arriver à la connaissance ou de l’assurer ; ce n’est pas un instrument extérieur qu’emploie l’esprit pour le meilleur et le plus certain accomplissement de son œuvre ; cette conception de la méthode ne vaut que dans l’ordre du fini, là où le sujet et l’objet ont besoin de chercher des moyens pour se rencontrer et pour s’unir. Mais ici, sujet, méthode et objet sont un même concept ; la méthode, c’est le concept se connaissant lui-même dans l’identité de sa signification subjective et de sa réalité objective, ou, si l’on aime mieux un autre langage, la méthode, c’est la tendance même de la raison à se trouver et à se reconnaître elle-même, par elle-même, en tout. (Wissenschaft der Logik, t. V des Œuvres complètes, pp. 329-331.) Nous avons vu, d’autre part, que, lorsque, dans la Préface de la Phénoménologie de l’esprit, Hegel a pris congé de la doctrine de Schelling, un des griefs qu’il a invoqués contre cette doctrine c’est, en même temps que d’avoir conçu l’absolu comme une identité indéterminée, sans différences, d’avoir admis que, pour l’atteindre, il y avait lieu de mettre en œuvre, à la place d’une méthode rigoureusement démonstrative et