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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/159

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accessible à tous, une fonction privilégiée d’intuition intellectuelle. Au fait, le système de l’identité, quoique Schelling s’en soit défendu plus tard dans sa polémique contre Hegel, aussi bien que la Doctrine de la Science, avaient considéré l’intuition intellectuelle comme l’organe de la Philosophie. À vrai dire, Fichte et Schelling entendaient ou pratiquaient par là quelque chose d’assez différent. Pour l’artiste qu’était Schelling, l’intuition intellectuelle se rapprochait beaucoup du don d’invention poétique, tandis que pour le sévère moraliste qu’était Fichte elle était comme l’exercice d’un énergique vouloir. Mais, de toutes façons, aux yeux de Hegel, une doctrine qui isole la philosophie des formes communes de la conscience humaine, qui fait appel à une situation ou à une opération d’esprit exceptionnelle, risque de tomber dans une sorte d’ésotérisme arbitraire. Et, d’autre part, sans doute ce n’est pas une vue inexacte que celle qui consiste à considérer toute philosophie de la réflexion ou de l’entendement comme inadéquate à l’absolu ; cependant, ce n’est point un motif pour rejeter au loin, avec l’entendement, les médiations qui lui appartiennent. C’est, au contraire, méconnaître la raison que d’exclure la réflexion du vrai, de ne pas la tenir pour un moment positif de l’absolu, d’avoir cette horreur de la médiation dans la connaissance. (Phænomenologie : Vorrede, t. II, pp. 13, 16, 17, 26.)

Au surplus, la conception plus exacte — la conception vraie — du Premier Principe doit produire d’elle-même la méthode qui en rendra possibles la justification et l’explication. Nous avons vu que c’est à tort que Schelling pose l’absolu comme principe dans une sorte d’existence im-