Aller au contenu

Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et d’exclusion. Mais c’est, en revanche, le propre d’un tel objet, et, conçu de cette sorte, de ne pouvoir se maintenir sous la forme que l’entendement lui donne ; car, comme le disait Spinoza, toute détermination est une négation ; tout ce qui est fini se nie soi-même, implique une contradiction et passe dans son contradictoire. On peut donner le nom de dialectique, pris précisément, ou de négativement rationnel à ce moment où les déterminations finies se suppriment elles-mêmes en passant dans leur contradictoire. Ce moment dialectique est d’une importance considérable ; sans doute, lorsqu’il est pris en lui-même et isolé par l’entendement, il constitue spécialement le scepticisme ; car, alors, c’est une simple négation qu’il offre comme résultat. Mais le moment dialectique a un caractère beaucoup plus essentiel ; il est l’opération par laquelle sont franchies les limites des déterminations de l’entendement, l’action immanente par laquelle ces déterminations se révèlent telles qu’elles sont et posent leur propre négation. En ce sens, le moment dialectique est l’âme de tout progrès scientifique ; il est le principe qui, seul, est capable d’introduire dans le continu de la science la liaison d’une nécessité immanente ; qui, seul, permet de s’élever d’une manière authentique et vraie, non d’une manière extérieure, au-dessus du fini. Cependant, cette œuvre, que prépare le moment dialectique ou négativement rationnel, ne s’achève qu’avec et par le moment spéculatif ou positivement rationnel. Ce dernier comprend l’unité des déterminations opposées dans leur opposition, — c’est l’élément affirmatif enveloppé dans leur séparation et dans leur transition des unes aux autres. Par là, la dialectique aboutit à un résultat positif,