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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/171

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catégories, Kant tombe sous le reproche même qu’il a adressé à Aristote : il a procédé empiriquement et incomplètement, et il a été hors d’état de faire voir les rapports intrinsèques des catégories. Or, la Logique doit déterminer les catégories avec la plus grande rigueur et la plus complète exactitude. Mais, pour pouvoir déterminer de la sorte la place que chaque catégorie occupe dans le système de la raison, il faut suivre le développement même de l’esprit ; chaque catégorie est un moment de ce développement ; le passage d’une catégorie à une autre ne répond pas à une vue subjective de l’esprit, mais à la nature de la catégorie considérée : chaque catégorie a donc son sens et sa portée définis par le processus dialectique qui la met en quelque sorte au jour.

Le point de départ de la logique, on le sait, c’est l’être pur, sans détermination, l’être immédiat, différent du néant, et cependant, par son manque de contenu, identique au néant. Ni l’opposition absolue de l’être et du néant n’est vraie, puisque, dès qu’elle se formule, elle se change en identité ; ni leur identification absolue n’est vraie, puisqu’elle est la contradiction immédiate et absolue. Ces catégories, si basses et si vides qu’elles se prêtent mal à la distinction même, posent une réalité plus riche dans le concept qui les concilie, dans le devenir. Et ainsi de suite. (Voir Noël, Logique de Hegel.) De la sorte s’opère le passage des catégories les plus immédiates, les plus abstraites, les plus pauvres, jusqu’à la catégorie la plus haute, la plus complète, la plus concrète, qui est en parfaite unité avec elle-même, — l’idée absolue, la νόησις νοήσεως, l’absolue conscience de soi dans laquelle toutes les catégories qui ont