Aller au contenu

Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

thèse, essentiellement juste : — non seulement parce que, parmi les douze catégories énumérées, il s’en trouve une qui est un véritable non-sens, à savoir la réciprocité d’action, une monstruosité toute pareille à la causa sui de Spinoza, mais ensuite parce que, dans le fond, toutes les catégories se ramènent à une seule, à celle-là même que Kant prend si volontiers pour type, à la causalité. Schopenhauer critique en détail toute la doctrine de l’Analytique, où il signale, avec une foule d’impropriétés dans les formules ou dans la position des problèmes, comme vice fondamental la passion pour la symétrie architectonique. (Die Welt, I, pp. 549 sq., 560 sq.) En outre, la grave erreur a été dans cette séparation de la sensibilité et de l’entendement qui a empêché Kant de voir que toutes les conditions formelles de la connaissance de l’objet, à savoir l’espace, le temps et la causalité, se dérivent du principe de raison suffisante et en sont les expressions générales. Au fait, dans sa Dissertation sur la quadruple racine, Schopenhauer avait soutenu que le principe de raison suffisante, pris dans sa généralité, exprime la connexion formelle et a priori qui lie toutes nos représentations, grâce à quoi aucun objet ne peut avoir pour nous une existence en soi, séparée et indépendante. Cette connexion ne diffère que selon la diversité des objets auxquels elle s’applique, et c’est en classant cette diversité que Schopenhauer envisage le principe comme principium essendi, fiendi, agendi et cognoscendi. L’essentiel de la Dissertation a passé dans le grand ouvrage et servi à montrer, d’une part, que non seulement la causalité, mais encore le temps et l’espace, sont des expressions du principe de raison, — la détermination d’une partie de l’es-