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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/203

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ces facultés. Kant s’est surtout préoccupé d’établir le caractère a priori des formes de la sensibilité, des catégories de l’entendement ; Herbart tient cette doctrine des catégories pour un modèle de désordre dans un ordre apparent, et il s’est appliqué avant tout à rechercher si ces formes ou ces concepts, quelle qu’en fût l’origine, étaient vraiment concevables. (Sur la différence de Kant et de Herbart, voir Hartenstein, Ueber die neuesten Darstellungen und Beurtheilungen der Herbartscher Philosophie, 1838, pp. 14 sq.)

Avec une certaine définition de l’être, Herbart admet après Kant le caractère antinomique de la connaissance non philosophique ; mais tandis que pour Kant la Métaphysique théorique développe la contradiction, pour Herbart elle la fait évanouir. Kant et Herbart sont d’accord pour ne pas transporter la contradiction dans l’existence objective ; seulement, tandis que Kant rend notre raison même responsable de la contradiction quand elle veut dépasser la connaissance empirique pour atteindre à la connaissance de l’être en soi, Herbart rend l’apparence empirique responsable et charge une exacte conception de l’être en soi du soin de la supprimer. — Mais il reste que, en toute rigueur, pour Herbart comme pour Kant, l’être en soi est inconnaissable, que la connaissance a un caractère subjectif, — caractère subjectif dominateur pour Kant, — caractère subjectif subordonné pour Herbart.

Et c’est par cette subordination même, par l’extrême souci, également, de ne pas perdre de vue l’expérience, par la tendance à s’en tenir au fini, que la philosophie de Herbart se distingue des philosophies de Fichte, de Schelling, de Hegel. Non qu’il n’y ait cependant certaines affinités. — Fichte a