Aller au contenu

Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

clamé que la qualité de ce qui est absolument simple et ne doit être déterminée par aucune opposition interne ; c’était Héraclite qui leur avait fourni, par son affirmation du devenir absolu et sa reconnaissance des oppositions qu’il implique, l’occasion de prendre conscience, par réaction, de la simplicité et de l’immutabilité de l’être. Le tort des Éléates fut de rompre tout lien entre l’être absolu et les phénomènes. Leucippe leur objecta avec raison que tout phénomène suppose quelque chose qui apparaît, qu’une pluralité des choses étant donnée doit avoir pour fondement une pluralité primitive. Mais nous avons vu en quel sens il faut admettre cette pluralité, et à quel point surtout les êtres primitifs, — êtres simples, véritables monades, — diffèrent des atomes du matérialisme.

Nous avons vu comment, à l’aide d’une définition de l’être fournie par Kant, Herbart va à l’encontre de la direction idéaliste, apriorique, de la doctrine kantienne : c’est la pensée qui gravite autour de l’être. De là des méthodes d’explication qui, sans méconnaître les fonctions propres de l’intelligence, les considèrent cependant comme dérivées et les subordonnent à la détermination de l’objet. Ainsi, tandis que Kant considère la critique de la raison comme le fondement indispensable de toute philosophie, Herbart la rejette comme impossible, et réclame avec Descartes que la philosophie commence par le doute, par la critique, non des facultés, mais des notions naturellement présentes en nous. Kant reste attaché à la distinction wolffienne de l’âme en plusieurs facultés, et par là il demeure dans le dogmatisme ; Herbart a entrepris une explication de l’âme dont le postulat est précisément la non-existence de