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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/29

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naissance rationnelle du réel, comportant à ce titre une justification a priori de la science de la nature, telle qu’elle est constituée en fait, avec la certitude qui lui appartient. (Je laisse de côté la justification de la moralité, qui au moins dans sa forme rationnelle a suivi chez Kant la justification de la science.) Mais cette connaissance rationnelle du réel, que Wolf et les wolffiens, en systématisant Leibniz, se sont crus en état de produire, que vaut-elle ? C’est la suite des questions que Kant se pose là-dessus, qui nous explique le sens dans lequel Kant a commencé par critiquer la Métaphysique existante, puis a essayé de constituer les principes de la Métaphysique future.

Ce qui caractérise le mieux la prétention de la Métaphysique actuelle, c’est l’argument ontologique, par lequel du concept de Dieu, qui n’exprime qu’une possibilité, on tire la réalité de Dieu même. Kant, à dire vrai, n’a pas commencé par nier la légitimité d’un argument a priori en faveur de l’existence de Dieu. — Dans l’Unique fondement possible (1763), il essaie de reconstituer l’argument a priori plutôt qu’il ne le nie ; mais devant conclure finalement pour son compte que l’argument a priori est légitime, si au lieu de présenter l’être comme inclus dans le possible, il montre que le possible suppose l’être, il prépare cette conclusion par des remarques d’une grande portée : l’existence, observe-t-il, n’est pas un prédicat assimilable aux autres ; être existant, n’est pas avec le concept de Dieu dans le même rapport qu’être tout-puissant ; tous les prédicats proprement dits par lesquels on définit un concept laissent indéterminée la question de savoir si l’objet du concept existe ou non ; l’existence n’est telle