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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/28

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sure Kant a été métaphysicien, ou, pour parler plus largement, ce qu’il y a eu de métaphysique dans sa doctrine. Or, pour cela, il nous faut essayer de dégager l’idée qu’il se faisait de la Métaphysique, de retrouver de quelles notions il avait composé cette idée.

On sait que Kant a commencé par adhérer en gros, avec quelques réserves de détail, à la Métaphysique wolffienne : dans cette période de sa vie intellectuelle qui se termine vers 1760, il professe donc un rationalisme dogmatique ; à partir de 1760, il découvre de diverses façons l’insuffisance de ce rationalisme et paraît incliner vers le scepticisme en matière de Métaphysique ; enfin à partir de 1770 il apparaît dans la voie qui le conduira, d’une restauration momentanée d’un rationalisme semi-dogmatique, au rationalisme critique. Dans la première période, Kant insiste à peu près exclusivement sur la puissance de la raison sans bien en indiquer les limites ; dans la seconde période il insiste surtout sur les limites de la raison, sans bien trouver le moyen d’en expliquer la puissance ; enfin dans la dernière période il aboutit à une sorte d’équilibre entre l’affirmation de la puissance et l’affirmation des limites de la raison. Mais tâchons de dégager les tendances, les occupations et les conceptions qui ont conduit le mouvement de sa pensée : ce sera le meilleur moyen de savoir ce qu’il a compris, accepté ou rejeté sous le nom de Métaphysique, car dans le fond sa pensée resta toujours attachée, directement ou indirectement, à cette question suprême : la Métaphysique est-elle possible et comment ?

Or, possible ou non, légitime ou non, que devrait être selon Kant la Métaphysique ? Une con-