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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/31

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fois, dans l’œuvre de Kant, le caractère extralogique de la relation causale. Comment comprendre que, parce que quelque chose est, quelque chose existe ? Position du problème de la causalité, qui vient de ce que la causalité ne saurait être un simple rapport d’identité et par suite, pour le moment, s’établit, d’après Kant, en dehors de la raison.

Nous voici donc déjà éloignés, par bien des difficultés, de cette connaissance rationnelle du réel qui constitue la Métaphysique. Or qu’est-ce qui a constamment suscité et entretenu les espérances de la Métaphysique ? C’est le succès des Mathématiques. Dans les Mathématiques nous apercevons une forme de connaissance qui atteint son objet et qui ne cesse de progresser a priori, qui atteste par là la puissance de la raison en dehors du domaine de l’expérience. Mais ce rapprochement des Mathématiques et de la Métaphysique n’est-il pas la plus décevante des illusions ? On oublie précisément la radicale différence qu’il y a entre l’objet des Mathématiques et l’objet de la Métaphysique, et du même coup l’inévitable différence des procédés par lesquels l’une et l’autre de ces deux sciences peuvent connaître leur objet. C’est là-dessus qu’insiste Kant dans son Étude sur l’évidence des principes de la théologie naturelle et de la morale (1764). Dans les Mathématiques, il n’y a pas à se préoccuper du rapport du concept avec son objet, puisque l’objet est un objet construit, construit par liaison arbitraire (Willkürliche Verbindung) dans une représentation claire ; tandis que dans la Métaphysique il s’agit de comprendre un objet réel, et que par suite la relation de nos concepts à cet objet est un problème. Car le métaphysicien ne saurait