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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/38

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Ceci étant, on a pu se demander si le Kantisme ne restait pas, volontairement ou non, plus fidèle qu’on ne l’avait cru à l’esprit de l’ancienne Métaphysique. Dans le livre qu’il a consacré à Kant, Paulsen nous le présente essentiellement comme un métaphysicien, dans le sens de Platon et de Leibniz, un métaphysicien qui n’a introduit, avec sa doctrine des idées régulatrices, de la finalité, de la croyance pratique, qu’une nouvelle façon de défendre et de soutenir l’affirmation d’objets suprasensibles, — et, dans un article des Kantstudien (Kants Verhältniss zur Metaphysik, IV, pp. 413 et suiv.), il a défendu énergiquement sa thèse contre les critiques assez vives qu’elle avait suscitées. — À un autre point de vue Benno Erdmann avait montré dans le Kantisme des survivances de la Métaphysique leibnizienne et signalé la parenté très étroite des choses en soi, telles que Kant au moins les entrevoyait, avec les monades de Leibniz. (Voir le travail d’un élève de Benno Erdmann, d’Otto Riedel : Die monadologischen Bestimmungen in Kants Lehre vom Ding an sich (1884.) — Certes il ne serait pas malaisé de montrer à quel point Kant est resté imprégné de la Métaphysique dans laquelle il avait été élevé, de montrer en particulier que la Critique reste chez lui constamment enveloppée d’une atmosphère de notions métaphysiques anciennes dans lesquelles sa pensée se prolonge, même quand elle déclare s’arrêter devant ; même on peut dire que de plus en plus Kant a tendu à présenter sa doctrine comme une Weltanschauung : cela cependant ne suffit pas pour autoriser à soutenir avec Paulsen que le Kantisme n’est que la restauration, par une autre méthode, de la Métaphysique transcendante : car il reste toujours