Aller au contenu

Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que les affirmations de Kant, qui se rapportent aux objets de cette Métaphysique, restent toujours liées à un usage immanent, soit théorique, soit pratique de la raison, qu’elles restent affectées par là des conditions du principe copernicien. La pensée critique marque des limites aux prolongements métaphysiques de la raison, et quand ceux-ci la dépassent ils ne gardent guère que la valeur de conceptions privées problématiques. (Voir Vaihinger, Kant, ein Metaphysiker ? Dans les Philosophische Abhandlungen en l’honneur de Sigwart, 1900, p. 133.)

Au reste, ce n’est pas sans doute tant par ce qu’elle contenait, consciemment ou non, de Métaphysique ancienne que par ce qu’elle apportait, implicitement ou explicitement, de Métaphysique nouvelle que la doctrine de Kant a suscité le génie métaphysique des philosophes postkantiens : en tant qu’elles procèdent de la philosophie critique, les Métaphysiques d’un Fichte, d’un Schelling, d’un Hegel, d’un Schopenhauer sont loin d’être un retour à la Métaphysique traditionnelle ; ou du moins elles ne reviennent à la Métaphysique traditionnelle que par l’ambition de construire un système total du monde à partir de certains principes fondamentaux. Mais la détermination de ces principes comme le mode de construction du système restent très étroitement sous la dépendance, non pas seulement de ce que le Kantisme avait pu garder du passé, mais de ce qui lui appartient spécifiquement. Sans doute, pris à la lettre, en opposant aux prétentions théoriques de l’esprit la réalité certaine autant qu’inconnaissable de la chose en soi, le Kantisme ferme la voie à une Métaphysique qui prétendrait tout déduire d’un premier principe : mais