Aller au contenu

Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lité et de dépendance, à titre de déterminations réelles et objectives ? Sans cette supposition donc il apparaît qu’on ne peut entrer dans le système, — et avec cette supposition l’on ne peut y rester. Car comment conclure aux choses en soi ? Du fait que, dans les représentations que nous appelons des phénomènes, nous nous sentons passifs ? Mais pour conclure que se sentir passif ne constitue pas un état complet, nous sommes obligés alors d’user du principe de causalité dans un sens transcendantal, — alors que Kant a soutenu que du principe de causalité le seul usage légitime est l’usage empirique. L’idéalisme transcendantal s’embarrasse donc dans des difficultés et même des contradictions de toutes sortes, et, pour être conséquent avec lui-même, il devrait s’avouer comme un idéalisme complet, ne pas reculer, même devant l’accusation d’égoïsme spéculatif (Jacobi, Werke, t. II, pp. 291-310).

Postérieurement, tout en dénonçant dans le Kantisme la même inconséquence, Jacobi considère plutôt que l’élément réaliste est fondamental dans la doctrine kantienne. Le mérite de Kant, c’est d’être parti de la foi naturelle à l’existence des choses, d’avoir admis une faculté supérieure au moyen de laquelle la vérité dans les phénomènes et par-dessus les phénomènes se révèle à nous par un procédé qui échappe aux sens et à l’entendement, c’est sur une faculté supérieure de ce genre que s’appuie réellement la philosophie kantienne, et cela non pas seulement à la fin pour donner au système le couronnement faute duquel il semblerait chancelant, mais dès le début pour lui fournir les bases sur lesquelles il s’édifiera : tel est donc le rôle que joue l’absolue supposition des choses en soi. — Malheureusement Kant s’est