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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/50

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naissables choses en soi. Celles-ci ont plus de rapport avec les phénomènes qu’avec les noumènes : les choses en soi ne sont des noumènes qu’au sens négatif, au sens précisément où il ne faut pas prendre les noumènes. Les noumènes ne sont ni des objets représentés comme les phénomènes, ni des objets non représentés comme les choses en soi : ce ne sont pas, à dire vrai, des objets : ce sont de simples lois d’après lesquelles nous devons travailler à établir l’ordre des objets d’expérience. (Systematische Darstellung der Fundamente der künftigen und bisherigen Mathematik. Beit. II, 42-46.) De la chose en soi, Reinhold disait déjà en 1791 (Fundamente, p. 66) qu’elle est aussi fortement défendue par l’imagination qu’attaquée à fond par la raison : il n’est pas surprenant dès lors qu’il l’ait ultérieurement, sous l’influence de Fichte, entièrement rejetée de son système.

Mais au temps où il la maintenait, il s’exposait naturellement aux mêmes critiques qui avaient été dirigées contre Kant. Même les représentants des anciennes écoles, entre autres un leibnizien comme Flatt, relevaient la contradiction qu’il y a à tenir la chose en soi pour irreprésentable et à la considérer cependant comme la cause de la matière des représentations. Qu’est-elle donc quand on l’affirme ? Un simple concept. Mais comment un concept peut-il affecter notre faculté réceptive ? Et de plus, si la faculté de représentation est à son tour fondée sur le sujet en soi, ne voit-on pas que la représentation, par quoi on prétendait tout expliquer, demeure, dans la double origine de sa matière et de sa forme, inexplicable ? C’est toute la philosophie ramenée à un x universel. Quand on commence comme Reinhold,