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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/51

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déclarait Flatt, on doit finir avec le scepticisme.

Et c’était, en effet, le scepticisme que prétendait imposer, comme sa conséquence nécessaire, à la philosophie critique, l’ouvrage intitulé Énésidème (1792) et dont l’auteur, Schulze, fut, de son vivant même, plus connu sous le nom de son livre que sous son nom propre : on parlait plus d’Énésidème que de Schulze. Aux yeux de Schulze, le scepticisme de Hume est moins encore la préparation que la conclusion rigoureuse en même temps que la réfutation du Kantisme. Et c’est sans doute le Kantisme lui-même que Schulze vise, mais aussi le Kantisme reconstitué et partiellement transformé par Reinhold. Kant croit avoir détruit l’argument ontologique : mais n’a-t-il pas conservé intact le préjugé dont cet argument dépend, quand il conclut du caractère de nécessité et d’universalité que présente la forme de la connaissance à la nécessité et à l’universalité réelles de cette connaissance ? Or dès que l’on pose que la nécessité d’être conçu et la réalité s’équivalent, de quel droit soutient-on que les choses en soi sont inconnaissables ? Mais, à vrai dire, la chose en soi ne s’introduit dans la doctrine de Kant que par une pétition de principe, — et qui même est condamnée par le développement ultérieur de la Critique. Au début, Kant affirme que toute connaissance humaine commence avec l’action d’objets sur nos sens, que c’est l’action de ces objets qui met en quelque sorte notre esprit en mouvement ; et cette affirmation, que contestent cependant le scepticisme et l’idéalisme, il la produit sans preuves. Voilà donc le point de départ de la Critique ; — et en voici maintenant le résultat : d’après la déduction transcendantale, les concepts purs de l’entendement, et parmi eux les ca-