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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/55

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le principe de cette affection ; or, aux yeux de Beck, c’est l’expliquer suffisamment que de poser à l’origine, non des choses, mais l’acte même de la représentation ; cet acte, en liant synthétiquement les représentations selon le principe de causalité, les rend objectives par une sorte de reconnaissance originaire, et constitue ainsi les phénomènes dont nous sommes affectés. Mais nous verrons plus tard plus en détail cette explication ; l’important à signaler, c’est cette élimination de la chose en soi par quelqu’un qui prétend, non réformer le Kantisme, mais l’exposer exactement, et qui communique directement à Kant sa pensée là-dessus. (Voir entre autres les lettres de Beck à Kant du 20 juin 1797, Édition de Berlin, t. XII, p. 164, et du 24 juin 1797, Ibid., p. 172.) Plus tard, à vrai dire, il reconnaissait s’être exprimé sur les choses en termes trop gros (zu Krass). (Lettre à Pörschke de 1800, publiée dans l’Altpr. Monatsschr., 1880, p. 298.)

Chez Fichte, l’exclusion de la chose en soi n’est pas seulement une exigence de son propre système, c’est l’exigence du Kantisme lui-même dûment interprété. Déjà même dans sa Kritik aller Offenbarung, qui précède la prise de possession de sa pensée personnelle, il indique qu’à la place d’une affection positive de la réceptivité par une matière donnée, on doit introduire le concept d’une affection négative, d’une limitation de la faculté de sentir. (Werke, V, p. 25.) Dans son Compte rendu d’Énésidème (1794), il marque l’impossibilité où est le moi d’être affecté par quelque chose d’extérieur à lui, la contradiction qu’il y a dans le concept d’une chose en soi qui ne serait pas opposée à un moi, qui serait un pur non-moi. Il soutient que la distinction, si souvent répétée