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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/60

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gressive de l’idéalisme spéculatif allemand. On dirait volontiers de cet idéalisme qu’il a opéré, à travers les données historiques, sur la chose en soi de Kant, comme il a opéré, à travers les données sensibles de la perception, sur le non-moi ; il a prétendu faire rentrer en lui-même, expliquer par la vertu interne de son premier principe, ce qu’il y avait tout de même de positif dans cet obstacle à son développement, — et il a de cette façon supprimé l’obstacle. Par toute sa vie même il annonce la mort de la chose en soi. Et lorsque la chose en soi ressuscitera chez des philosophes qui pourront encore se réclamer de Kant, chez un Schopenhauer ou chez un Herbart, ce sera avec une limitation ou une réfutation de l’idéalisme, et ce sera pour lui-même avec des attributs qui le détermineront positivement, mais hors des conditions et des relations de la pensée.

III.L’idée de la philosophie comme système

Dans une lettre à Marcus Herz, du 20 août 1777, Kant écrivait : « Depuis le temps que nous sommes séparés l’un de l’autre, mes recherches, autrefois consacrées d’une façon fragmentaire (stückweise) aux plus divers objets de la philosophie, ont pris une forme systématique et m’ont conduit graduellement à l’idée du Tout, qui a pour premier effet de rendre possible le jugement sur la valeur et l’influence réciproque des parties. » (Éd. de l’Académie de Berlin, t. X, p. 198.) Cette formule me paraît très expressive de la façon dont Kant a constitué sa doctrine. Certes, il a été profondément pénêtré de l’idée que l’esprit exige et