Aller au contenu

Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doit essayer de fonder l’unité systématique du savoir, que l’œuvre suprême de la raison ne peut s’accomplir, comme il disait, que par un art architectonique. Mais ce n’est point d’emblée qu’il a procédé à l’organisation de son système : c’est à la suite de recherches diverses et partielles, portant sur tels concepts, tels problèmes, telles oppositions, qu’il est arrivé à concevoir les idées maîtresses de sa philosophie. En particulier, c’est l’analyse de la science mathématique de la nature envisagée sous divers aspects qui l’a conduit à découvrir le rapport de cette science, acceptée dès l’abord comme un fait certain, à l’esprit législateur a priori. À cet égard, les Prolégomènes nous découvrent mieux que la Critique la marche réelle de sa pensée : — Comment la science est-elle possible ? — On dirait qu’il n’a conçu l’esprit qu’en fonction de la science qu’il s’agit d’expliquer. D’autre part, cependant, dans la Critique, il avait estimé que la démonstration du rôle de l’esprit pouvait être synthétique ou systématique, c’est-à-dire que, au lieu d’y présenter la doctrine de l’a priori comme requise par la certitude de la science, il la présente comme impliquée dans l’exercice de nos facultés. Le « Je pense » n’intervient pas pour justifier la possibilité de la science ; mais c’est parce que le « Je pense » est vrai, avec le sens et dans les limites que Kant indique, que la science est possible. — À partir de l’établissement définitif de sa doctrine, Kant reste sans doute préoccupé de lui donner une forme systématique ; nous avons vu même en quel sens il s’efforce de concilier souvent ce qu’il a commencé par distinguer ; jusqu’aux derniers moments de sa vie, il a la préoccupation de présenter un système complet de la raison pure. Mais