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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/65

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l’universel comme s’il y était enfermé, mais de montrer dans quelle mesure le particulier est contenu dans l’universel. Le principe ne fournit donc à la science immédiatement que sa forme ; il n’agit sur la matière de la science que pour la purifier d’éléments étrangers ou la porter à se compléter par des éléments qui lui manquent. Mais un principe, et un premier principe, est indispensable à toute science qui n’est pas historique, qui procède avant tout par la connaissance de l’universel et du nécessaire. Non seulement un principe tel doit être premier, c’est-à-dire ne dépendre d’aucun autre ; mais encore il doit être unique, c’est-à-dire fonder, non une partie de la science, mais la science tout entière. Un tel principe, conditionnant toute démonstration, ne peut lui-même être démontré ; il doit être certain par lui-même. Pour ce qui est de la philosophie, le premier principe doit fonder immédiatement la philosophie des éléments et médiatement le reste de la philosophie ; le fondement de sa nécessité doit être entièrement hors du domaine de toute philosophie, il ne doit pas être découvert au moyen du raisonnement ; il doit exprimer un fait, Factum, susceptible d’apparaître à tous les hommes par la seule réflexion ; ce fait ne doit être tiré d’aucune expérience, même de l’expérience interne, parce qu’elle est individuelle ; ce fait doit être en nous, et, n’étant ni un raisonnement ni une expérience déterminée, il doit accompagner toutes les expériences et toutes les pensées dont nous avons conscience ; il ne peut être que dans la conscience même. Aussi, sans chercher plus avant ce qu’il est positivement, nous avons marqué pour la philosophie plus encore que pour toute science la nécessité d’avoir un premier principe et de revê-