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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/72

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système nous ramène à notre point de départ. En ce sens, la Doctrine de la science est la seule science qui puisse être achevée ; l’achèvement est son caractère distinctif. Tandis que les sciences particulières se développent à l’infini et ne connaissent pas de terme (I, pp. 57-62).

Mais quelle est donc la limite qui sépare la Doctrine de la science des sciences particulières qu’elle fonde ? Tout principe d’une science particulière est une proposition de la Doctrine de la science. Comment donc une proposition de la Doctrine de la science peut-elle devenir principe d’une science particulière ? C’est en répondant à cette question que nous pouvons trouver la limite cherchée. Or toute proposition de la Doctrine de la science est l’expression d’une action nécessaire de l’intelligence, qui fait paraître au jour une représentation sans laquelle l’intelligence ne saurait être ; tandis que tout principe d’une science particulière détermine une action que la Doctrine de la science n’exige pas, qu’elle laisse libre. C’est cette libre action déterminée qui s’ajoute à l’action nécessaire de l’intelligence, pour convertir une proposition de la Doctrine de la science en principe d’une science particulière. Par exemple, l’espace est une représentation nécessaire de l’intelligence, et que la Doctrine de la science fait apparaître dans sa nécessité : mais la géométrie n’est possible que par une construction des figures d’après des règles ; cette construction est une action libre, et que la Doctrine de la science laisse libre. De même la représentation d’une nature soumise à des lois est une action nécessaire de l’intelligence et, à ce titre, relève de la Doctrine de la science ; mais la détermination et l’application des lois particulières, c’est-à-dire ce