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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/73

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qu’on appelle d’ordinaire la science de la nature, n’est possible que par des expériences, c’est-à-dire par une action que la Wissenschaftslehre laisse libre. Ainsi est marquée la limite entre la Wissenschaftslehre et les sciences particulières (I, pp. 62-66).

Ainsi peut se marquer notamment la limite entre la Doctrine de la science et la Logique. La Logique ne traite que de la forme du savoir, de la forme séparée par réflexion et abstraction, tandis que la Doctrine de la science traite de la forme et du contenu dans leur intime et indissoluble union. Aussi la Logique n’est-elle pas la Doctrine de la science ; elle n’en est même pas une partie. Si elle traite de la forme seule, c’est par une action libre, du même genre que la construction des figures dans la Géométrie ou l’expérience dans la Physique. Tandis que la Doctrine de la science est nécessaire, non pas sans doute comme science clairement connue et systématiquement exposée, mais comme disposition naturelle, la Logique est un produit artificiel de l’esprit humain dans sa liberté. C’est à la Doctrine de la science que la Logique emprunte les preuves de sa validité, ainsi que l’indication de ses modes d’application (I, pp. 66-70).

Mais comment la Doctrine de la science se comporte-t-elle vis-à-vis de son propre objet ? Cet objet, c’est le système du savoir humain. Or celui-ci est indépendant de la doctrine même qui doit le comprendre, qui doit le représenter dans une forme systématique : ce sont les actions de l’esprit humain, également déterminées dans leur existence et dans leurs façons de se produire. Ces actions, ce n’est pas la Doctrine de la science qui les constitue ou qui les crée, et d’autre part il s’en