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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/75

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dans la poésie et dans l’art. Il y a là un élément irréductible à la règle qui pourrait être posée avec une valeur absolue de certitude avant d’être appliquée (rapport de la philosophie de Fichte avec le romantisme). En tout cas, comme c’est la même réflexion qui se poserait des règles et qui dégagerait les lois nécessaires de l’action de l’esprit, il n’y a rien à tirer de leur accord comme preuve absolue de certitude, mais simplement à y voir une condition négative de la vérité de la doctrine. L’exactitude et la rigueur dans les déductions constituent des présomptions de plus en plus fortes en faveur de cette vérité, mais non des démonstrations absolues. Le système de l’esprit humain, dont l’exposition est l’objet de la Doctrine de la science, est absolument certain et infaillible, et tout ce qui se produit nécessairement dans une âme humaine est vrai ; si les hommes se trompent, ce n’est pas dans le nécessaire qu’est la cause de leur erreur, mais dans leur réflexion et leur jugement dont l’exercice suppose la liberté. Assurer et fortifier dans tous les sens cette réflexion et ce jugement : c’est là ce qu’on peut conseiller de mieux à quiconque prétend, non pas commander à l’esprit humain, mais en représenter exactement l’action (I, pp. 71-78).

Et cela montre que, si l’esprit en tant qu’il constitue par la réflexion la doctrine est un esprit dont la vertu est dans la représentation, l’esprit en tant qu’il est l’objet de la doctrine peut être quelque chose de plus. La représentation, — et ici Fichte vise Reinhold, — est bien l’action la plus haute, l’action absolument première du philosophe comme tel, mais l’action absolument première de l’esprit humain peut être d’une autre nature et aller bien au delà de la représentation.