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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/76

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Aussi une science construite sur le concept de la représentation peut-elle être utile comme propédeutique ; mais elle n’est pas la philosophie fondamentale qu’elle voulait être. Cette philosophie fondamentale, c’est la Doctrine de la science (I, pp. 80-81).

Il fallait insister sur cette conception que Fichte a soutenue de la philosophie comme système absolu, parce qu’elle est restée le modèle d’après lequel s’est constitué sous des formes diverses l’idéalisme allemand post-kantien. Dans son premier écrit proprement philosophique, Ueber die Möglichkeit einer Form des Philosophie überhaupt (1794), Schelling, sous l’influence de Fichte et après lui, s’applique à montrer que la philosophie entendue comme science doit être un système parfaitement clos, un Tout dont la forme consiste dans une unité absolue et nécessaire ; elle doit être conditionnée par un principe absolu qui soit la condition de tout contenu et de toute forme (Schelling, Werke, I, pp. 89 sq.). D’ailleurs, jusqu’au moment où il sera en réaction contre son idéalisme spéculatif, qu’il prétendra alors compléter par une autre philosophie positive appuyée sur d’autres considérations, — quelque expression qu’il donne et quelque variation qu’il impose à cet idéalisme spéculatif, — il prétendra toujours en déduire le contenu d’un principe premier absolument certain, et si plus d’une fois, sous le développement systématique de sa pensée, l’on sent la virtuosité romantique et l’action de ce génie dont Fichte avait proclamé la supériorité sur la règle, il n’en reste pas moins que ce développement systématique représente à ses yeux l’idéal de la démonstration rigoureuse et de la certitude philosophique.