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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/83

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rapporte, comme l’élément distinct de la représentation et du sujet. La philosophie des éléments doit partir de la seule représentation, abstraction faite du sujet et de l’objet, et en déduire, par la détermination de ses conditions internes, toute la faculté de connaître. Or quelles sont ces conditions internes, — ces conditions telles qu’elles nous apprennent, non pas d’où vient la représentation, mais en quoi elle consiste ? Il s’agit principalement d’expliquer comment la représentation, posée d’abord en elle-même, se rapporte au sujet et à l’objet ; à ce point de vue, elle doit contenir deux éléments ou comprendre deux moments. L’un est la matière de la représentation et répond à l’objet ; l’autre est la forme de la représentation et appartient au sujet. Il ne faut pas confondre la matière avec l’objet ; l’objet auquel la représentation se rapporte reste le même, tandis que la matière change ; l’objet est hors de nous tandis que la matière est en nous. Cependant la matière de la représentation n’est pas la représentation même ; elle ne le devient que par l’application de la forme. De là suit qu’aucune représentation n’est ni sans forme, ni sans matière, — encore qu’à cette matière ne corresponde aucun objet réel ; de là suit encore qu’aucun objet ne peut être représenté avec la propriété qui le caractérise comme objet, c’est-à-dire également que les représentations ne sauraient être des images des choses et que les choses en soi sont irreprésentables. Que si l’on se demande pourquoi on peut parler même, à ce compte, de choses en soi, il faut remarquer que c’est comme concept, non comme chose, que la chose en soi est représentable, et que comme chose, aussi véritablement qu’elle existe, elle reste distincte de la repré-