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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/85

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Telle est la position, et telle est l’explication générale du premier principe, selon Reinhold, abstraction faite des variations de détail et des applications qu’il en a faites pour retrouver plus ou moins fidèlement les thèses générales de la Critique.

La tentative de Reinhold marquait bien la direction dans laquelle les interprètes ou libres continuateurs du Kantisme éprouvaient le besoin de reconstituer le système. Cependant ce que ceux-ci s’accordaient généralement à signaler comme un défaut du principe, c’est que celui-ci n’était pas aussi primitif, aussi original qu’il prétendait l’être. C’est ainsi que Salomon Maïmon considère avec Reinhold que le besoin réel de toute philosophie transcendantale, c’est de partir de la fonction suprême de la faculté de connaître et d’en faire le principe d’unité : lorsque, avec Kant, on admet des pouvoirs de connaître divers et irréductibles, on s’engage dans des difficultés inextricables. Maïmon cherche cette fonction suprême dans la conscience, — et il peut d’autant plus l’invoquer comme telle qu’il a éliminé, comme nous l’avons vu, pour l’explication de la connaissance, la chose en soi. C’est donc à la conscience seule qu’il faut avoir recours, mais à la conscience entièrement indéterminée. Toute connaissance objective est une conscience déterminée ; la conscience indéterminée est ce qui sert de fondement à toute connaissance particulière, c’est l’x qui dans les formes différentes de la conscience reçoit différentes valeurs ; ce n’est pas par abstraction qu’on la dégage, c’est par réflexion sur le rôle fondamental qu’elle joue ; elle est, en effet, la condition sans laquelle est impossible toute conscience déterminée d’un objet. D’ac-