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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/87

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affirmait que nos idées ne peuvent être produites par des choses. Et il est parfaitement vrai : l’objet de la représentation ne peut être donné hors de la représentation même. Or il ne peut être donné que s’il est produit, et il ne peut être produit que si au fait de la représentation est substitué l’acte de se représenter. Si Reinhold a eu raison de chercher un premier principe d’où se déduise toute la connaissance, s’il a eu raison de le chercher dans la représentation, il a eu tort de ne pas remonter, dans la représentation, jusqu’à ce qui est en la condition la plus intime : c’est l’action de se représenter qui est vraiment primitive et originelle. Or, précisément parce que c’est une action, ce n’est pas quelque chose qui doive être plus ou moins explicitement tenu pour donné, pour réalisé tout seul, c’est une tâche à accomplir, une œuvre à opérer. Lorsque le Géomêtre commence la science, il la commence avec le postulat : se représenter l’espace. Il ne va pas dès l’abord déterminer de l’espace telles et telles propriétés ; il demande qu’on s’en donne avant tout la représentation. De même le premier principe, non pas seulement de toute philosophie, au cas où l’on considérerait la philosophie comme une science particulière, mais de tout usage de la raison, est proprement un postulat : se représenter originairement un objet. Et c’est là l’acte par lequel notre raison produit l’unité synthétique objective, par lequel elle pose un lié divers. À cet acte s’en ajoute un autre par lequel nous nous opposons comme un objet ce qui a été ainsi produit, acte que Beck appelle la reconnaissance originaire : par le premier acte est constitué le système des catégories ; par le second, ce que la Critique appelle le schématisme transcendantal des