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Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/131

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reconnu ceux qui le composaient, Alix les avait devinés… L’instant redouté arrivait enfin, où s’entamerait la lutte ouverte contre Georgina, appuyée des Maublars. Résolue à refuser tous rapports avec cette famille, la jeune fille savait que ce serait donner le signal du combat à outrance.

L’heure en avait été quelque peu retardée. En effet, depuis le milieu de juillet, époque de son arrivée à Ségastel, jusqu’à ces premiers jours de septembre, l’écrivain n’avait pas donné signe de vie au manoir. Une ancienne blessure, reçue en duel, s’était rouverte, le réduisant à l’immobilité. Alix avait d’autant mieux joui de cette période de répit que Georgina faisait de fréquents séjours à Nantes et qu’Even se maintenait dans sa nouvelle attitude, toujours concentrée, mais non plus morne et empreinte de sombre égoïsme comme précédemment… Voici pourtant que la trêve expirait. Devant l’ennemi, Alix rassemblait ses armes par une ardente invocation vers la Mère de miséricorde et, sans bouger d’un pas, elle attendait en réprimant son émotion.

Roger Maublars causait avec une certaine animation, tout en fixant de loin sur Alix et ses frères son regard perçant. Georgina, un énigmatique sourire sur les lèvres, l’écoutait en approuvant de la tête. Derrière eux s’avançaient les deux enfants entrevus dans le landau.

— Voici notre excellent ami M. Maublars, Alix, dit Georgina avec un accent de triomphante satisfaction.

— Et je dois tout d’abord m’excuser, mademoiselle, d’avoir tant tardé à venir faire votre connaissance, ajouta l’écrivain en s’inclinant profondément. La faute en est, vous le savez, à une sotte petite blessure…

Une légère inclinaison de tête lui avait répondu