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Page:Delly - Gwen, princesse d'Orient, 1981.pdf/85

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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

reverrais jamais. Alors je lui criai toute mon horreur, tout mon désespoir de l’existence qu’il m’avait faite. Il m’écoutait avec impassibilité, en souriant cyniquement. Quand je me tus, il me dit froidement :

« — Je vous chasse d’ici, Varvara Tepnine, et ne veux plus vous revoir, du moins pour le moment. Toutefois, je considère que vous m’appartenez toujours, et je vous interdis de vous unir, légitimement ou non, à un autre homme. Si vous enfreigniez cette défense, je saurais vous en punir, tôt ou tard.

« Sur ces mots, il s’éloigna. Accablée, à demi folle, je quittai cette maison maudite. Je fus malade pendant plusieurs jours et une de mes voisines, dans la pension de famille, vint me soigner. C’était une artiste lyrique. Quand je fus remise, je m’informai près d’elle au sujet d’une situation possible, car il me fallait sans tarder gagner ma vie. Elle offrit de me faire engager dans un petit théâtre de San Francisco, où elle-même devait chanter quelques semaines plus tard. J’acceptai et nous partîmes ensemble.

« Je restai deux ans dans cette ville et ce fut là qu’Armaël Dourzen me connut, au cours d’une escale.

« Il s’éprit de moi, demanda ma main. J’avais la plus sérieuse existence et une réputation irréprochable. J’appartenais à une fa-