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Page:Delly - Gwen, princesse d'Orient, 1981.pdf/86

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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

mille digne de s’allier à celle de mon prétendant. Ainsi donc, en apparence, aucun obstacle ne s’élevait entre Armaël Dourzen et moi.

« En apparence… Mais il y avait mes années d’esclavage, ma misérable existence chez Gordon Sheen, mon âme dégradée par lui, ma vie déshonorée.

« C’est alors que je commis la grande faute qui pèse sur ma vie, en acceptant la demande d’Armaël Dourzen sans rien lui révéler de ce passé.

« Je ne le fis pas sans quelque combat intérieur. Mais j’aimais Armaël ; j’avais l’ardent désir d’oublier toutes mes humiliations, toutes mes atroces souffrances morales, dans une vie paisible, honorée, au foyer d’un honnête homme ; je me disais en outre que je n’étais pas coupable de ma déchéance, car Gordon Sheen s’était joué de moi, jeune, innocente et sans méfiance. Bref, je cherchai toutes les raisons possibles pour justifier mon silence à l’égard de l’honnête homme qui m’offrait son nom en toute confiance.

« Et je devins Mme Armaël Dourzen.

« J’avais résolu de rendre aussi heureux que possible celui que je trompais ainsi. Je ne crois pas avoir manqué en rien à cette promesse faite au fond de mon cœur. Le bonheur semblait établi à notre foyer. Pour Armaël, ce n’était pas une apparence ; mais moi… moi