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Page:Delly - Gwen, princesse d'Orient, 1981.pdf/88

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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

moments, devenir folle. À cause de toi, je me repris. Il fallait régler une situation pécuniaire bien peu brillante. Après cela, je résolus de me retirer en Bretagne, dans la maison qu’y possédait Armaël, pour vivre là dans la retraite, en t’élevant du mieux possible.

« Voilà deux ans que nous habitons ici. Jamais Gordon Sheen ne m’a donné signe de vie. Pourtant, j’ai parfois la sensation oppressante d’une haine qui rôde autour de moi. Elle est si forte depuis quelques jours que j’ai résolu d’écrire ce douloureux secret de mon existence pour que, s’il m’arrivait malheur, tu saches toute la vérité et puisses défendre ta mère si on l’accusait injustement Hélas ! tu es bien jeune encore, ma pauvre petite ! Pourtant, il faudra que je te montre le moyen d’ouvrir cette cachette, car si je mourais bientôt…

« Quelle angoisse me torture ! Le passé, le présent, l’avenir… tout est pour moi l’occasion des pires tourments. Pourtant, depuis quelques mois, mon âme s’apaise un peu. J’ai foi en la miséricorde divine, je m’abandonne à elle. Dans cette solitude, il y a pour moi une vertu expiatrice, et elle est douce à mon esprit tourmenté.

« Voilà, mon enfant, l’histoire d’une des victimes de Gordon Sheen. Il y en eut d’autres, je le sais. Ah ! le démon, comme il s’entendait à annihiler chez une pauvre fascinée tout sens