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Page:Delly - Gwen, princesse d'Orient, 1981.pdf/87

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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

dont le remords augmentait, à mesure que mon âme s’éclairait près de la conscience droite, des fermes convictions religieuses de mon mari… Ah ! quelles souffrances j’endurai, pendant ces années, tandis qu’Armaël m’entourait de tant d’amour, de tant d’attentions délicates ! Parfois, je songeais à tout lui révéler. Mais j’avais peur de son indignation, de sa douleur… j’avais peur qu’il ne me méprisât et, peut-être, ne me repoussât loin de lui.

« Une autre appréhension me torturait encore : la menace que m’avait faite Gordon Sheen, en m’interdisant de me marier. Cet homme, singulièrement intelligent, vindicatif, dépourvu du moindre scrupule, devait être un adversaire d’autant plus redoutable que j’avais pressenti chez lui une puissance qui s’exerçait dans l’ombre — pour quel but, je l’ignorais. S’il connaissait mon mariage, ne chercherait-il pas à exercer cette vengeance promise par lui ?

« Cependant, ma vie continua, paisible en apparence, jusqu’au jour où, rentrant d’une promenade avec toi, Gwen, je trouvai mon mari mort, d’une rupture d’anévrisme, dit le médecin.

« Comment exprimer les tortures morales que je ressentis alors ! Au désespoir de perdre un époux très aimé s’ajoutait le remords de ma duplicité à son égard. Je crus, à certains