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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/226

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Amsara, la Malaise, entra silencieusement, apportant des plats qu’elle déposa sur une table, devant la jeune fille. Celle-ci les repoussa d’abord, puis se ravisa en songeant qu’elle devait garder des forces pour être mieux en état de s’expliquer avec son ravisseur. Car, quoi qu’en eût dit Hamadévi, elle ne se ferait pas faute de déclarer à cet odieux rajah ce qu’elle pensait de lui !

Quand Gwen eut déjeuné, elle essaya de prendre un peu de repos. Mais trop d’angoisses l’assiégeaient, l’enfiévraient. Deux longues heures passèrent ainsi. Puis la Malaise reparut, prononça quelques mots dans sa langue, en faisant signe à la captive de la suivre. Gwen obéit, non sans que les battements de son cœur, déjà si vifs, s’accélérassent encore. Dans une pièce voisine se tenait un jeune Chinois qui s’inclina en disant :

— Sa Hautesse vous attend, mademoiselle.

Il ouvrit une porte, et Gwen se trouva devant une grande cour intérieure, pavée de marbre, garnie de fleurs admirables de formes et de couleurs. Parmi elles se dressaient des animaux fantastiques, sculptés dans les plus beaux marbres, et dont la gueule effroyable laissait échapper les bruissantes cascades d’une eau pure, irisée par le soleil. Deux dragons de marbre semblaient garder la porte d’un merveilleux palais dont les marbres blancs et roses étaient ciselés, fouillés incomparablement.