Aller au contenu

Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mer ? Ou, bien plus probablement, par un de ces avions qui survolaient chaque jour Kermazenc et ses environs ?

Mais la plus angoissante question était celle-ci : pourquoi Dougual de Penanscoët avait-il agi ainsi ?

Une seule réponse se présentait à l’esprit de Gwen. Elle n’ignorait pas que chez les princes d’Asie, musulmans, bouddhistes ou brahmanistes, la polygamie est habituelle. D’après ce qu’elle venait de comprendre, le jeune rajah de Pavala, d’ailleurs à demi asiatique de par son origine maternelle, pratiquait cette coutume. Et s’il avait fait enlever Gwen Dourzen, ce devait être pour la mettre au nombre de ses épouses.

À cette idée, une violente indignation souleva la jeune fille. Indignation, et aussi terreur, car elle se demandait aussitôt : « Comment lui échapper ? Seule, dans ce pays étranger où il règne souverainement, dans cette demeure où je suis prisonnière, que puis-je faire pour fuir un tel sort ? »

Ah ! elle ne pensait plus au Prince charmant autrefois entrevu par une petite fille curieuse dans le temple hindou du parc de Kermazenc et pas davantage à celui dont elle avait quelque peu subi le prestige à la fois impérieux et enveloppant dans cette fête costumée d’où était sortie sa terrible situation actuelle ! Toute son âme fière et pure se révoltait, criait : « Jamais ! Jamais ! Plutôt la mort ! »