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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/230

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les prunelles sombres une expression nouvelle… Sur un geste de leur maître, les tigres s’écartèrent. Dougual fit un pas vers Gwen, qui recula aussitôt.

— Ne craignez rien. Je vous pardonne les paroles que vous venez de prononcer, et je reconnais même que vous avez quelque droit de me juger ainsi.

Ce changement soudain, cette hautaine franchise, troublèrent Gwen plus que ne l’avait pu faire la colère de son ravisseur. Elle regardait celui-ci avec une stupéfaction mêlée de méfiance — sentiment qu’il perçut fort bien, car il dit avec un léger sourire d’ironie altière :

— Je ne me donnerais pas la peine de vous tromper. À quoi bon ? Je suis le maître ici et vous ne pouvez m’échapper. D’ailleurs, je dédaigne d’employer le mensonge. Et c’est parce que vous êtes droite, courageuse, c’est aussi parce que vous n’avez pas plié aussitôt devant moi — comme tant d’autres — que je veux vous traiter d’une manière différente.

Il désigna un des fauteuils d’ébène dont les bras avaient la forme de dragons aux ailes à demi repliées.

— Asseyez-vous et causons. Je désire que vous me racontiez toute votre histoire, dont je sais peu de chose, sinon que vous viviez chez les Dourzen de Coatbez dans un état de demi-domesticité, quoique étant leur parente. Puis nous verrons à arranger au mieux la