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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/231

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situation présente, de façon à nous satisfaire tous deux.

Elle fit en hésitant les quelques pas qui la séparaient du siège offert. Devait-elle croire à ce changement soudain… à cet autre Dougual très différent, dont le regard avait une si étrange douceur, et qui lui donnait une impression de sincérité, d’altière franchise ?

Oui, vraiment, une impression très puissante, qui augmentait à mesure qu’elle contait sa pénible existence, après avoir dit comment était morte sa mère. Assis sur un fauteuil voisin, Dougual l’écoutait attentivement, sans quitter du regard cet admirable visage si expressif, ces yeux couleur d’océan où la moindre émotion mettait de si ardents reflets. Gwen parla de Mlle Herminie, de ce qu’elle lui devait au point de vue intellectuel ; puis elle arriva au moment où sa protectrice lui avait conseillé de se rendre clandestinement à la fête de Kermazenc.

— Elle voulait renouveler l’histoire de Cendrillon, dit Dougual.

Jusqu’alors, il n’avait interrompu la jeune fille que pour lui faire préciser quelque point de son récit. Il se tenait accoudé au fauteuil, le visage contre sa main où étincelait une admirable émeraude. Dans l’ombre des cils fauves, Gwen, quand elle regardait son interlocuteur, voyait les profonds yeux noirs attentifs, adoucis, parfois ardents comme une flamme. Et les siens se détournaient alors lé-