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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/232

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gèrement, tandis que tout son être frémissait d’un émoi mystérieux.

— Je vois que vous avez eu jusqu’ici une triste existence ?

Elle inclina affirmativement la tête, à cette constatation faite par Dougual quand elle eut terminé son récit.

— Vous n’avez donc pas lieu de rien regretter, là-bas ?… non, pas même cette demoiselle Herminie qui me paraît avoir été pour vous une conseillère assez inconséquente ?

— Je lui suis reconnaissante de m’avoir instruite, et par-là même donné les moyens de gagner mon existence, dès que je pourrai enfin échapper à la tutelle des Dourzen. Mais il est certain que je n’ai jamais senti chez elle, à mon égard, une affection réelle.

— Donc, aucun regret de votre existence antérieure… aucun obstacle pour accepter celle que je vous offre, tout autre, digne de vous, de votre beauté, de vos dons intellectuels dont j’ai pu deviner quelques-uns, dans votre récit. Vous ne m’avez pas laissé indifférent, Gwen Dourzen, quand je vous ai vue à Kermazenc, cette nuit où j’enlevai votre masque. Mais, tout à l’heure, par votre fière énergie, vous avez conquis entièrement mon amour. Je ne vous cacherai pas que mon père et Appadjy, son ami, m’ont élevé dans des idées de complète indépendance morale et que je suis accoutumé de suivre la seule voie de mon