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lacement des arbustes et des lianes, se cachait une antique statue.

M. de Penanscoët marchait sans hâte, un cigare aux lèvres, en fouettant au passage quelques arbustes, du stick qu’il tenait à la main. Il n’était pas très grand, mais mince, presque sec. Le visage maigre et bronzé dénotait le long séjour dans les pays au ciel de feu et aussi l’union, au siècle précédent, d’un Penanscoët avec une femme de Ceylan. Cette coloration du teint formait un contraste étrange avec les cheveux blond-fauve, avec les yeux d’un bleu dur et brillant. Telle quelle, c’était là une physionomie frappante et qui gardait la marque aristocratique de la race, quelle qu’eût été la vie aventureuse d’Ivor de Penanscoët.

Le parc finissait directement sur la grève. Là s’élevait un rocher qu’on appelait, à cause de sa coloration, la Roche verte. Une femme se tenait debout à quelques pas. Elle ne bougea pas à la vue du comte. Celui-ci, en s’avançant, dit avec un accent de sarcasme :

— C’est ainsi que tu m’accueilles, Varvara ?

Elle attachait sur lui un regard d’épouvante. Ses mains se crispaient à sa robe, le long de laquelle tombaient les bras nus.

— Tu croyais en avoir fini avec moi ? Cependant, quand je t’ai chassée, je t’ai dit : « Nous nous reverrons un jour. » Eh bien ! ce jour, le voilà.

— Mon fils ?… Où est mon fils ?