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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/37

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bien de l’agrément, entre les deux ! » Car s’il craignait l’humeur impérieuse de sa femme, il n’avait guère moins peur d’Herminie, dont les railleries ne l’épargnaient pas.

Mlle Dourzen arriva au début de l’après-midi du surlendemain, avec sa femme de chambre Macha, une Russe rencontrée au cours de ses voyages. Hervé descendit précipitamment de sa chambre pour l’accueillir. Elle le toisa des pieds à la tête et dit avec un sourire moqueur de ses lèvres sèches :

— Tu te portes toujours aussi bien, je vois cela.

— Mais… pas mal, en effet… pas mal… Et toi, Herminie ?

Elle leva ses épaules maigres, dont l’une était sensiblement plus haute que l’autre.

— Moi, je sens le besoin de me reposer. J’ai près de soixante ans, mon cher, et j’ai toujours eu une petite santé.

— Que vous avez bien promenée de-ci de-là, ce qui prouve qu’elle était encore solide… Ainsi vous nous revenez… pour assez longtemps ?

— Pour jusqu’à ma mort, probablement.

Elle accompagna ces mots d’un petit ricanement Dans sa menue figure d’une singulière laideur, les yeux clairs brillaient d’ironie. Sans doute n’avait-elle aucune illusion sur le plaisir que causait son installation ici.

— Ah ! vous vous décidez… vous ne vous ennuierez pas ? bredouilla Hervé.