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de sa mère. Son cœur affamé de tendresse voulait retrouver le souvenir de l’affection maternelle, si chaude sous sa réserve voulue.

Enfin, elle atteignit au but. La porte était fermée à clef, tous les volets clos. Mais peut-être la petite porte qui donnait dans une sorte d’appentis, par où l’on arrivait à la cuisine…

Oui, elle s’ouvrait… Gwen entra et gagna le vestibule. Là, tout était noir. Et ces ténèbres s’étendaient à l’escalier, dont les marches demeuraient indistinctes.

Comment monter ? Elle ne pourrait pas se conduire. D’une main tremblante, elle poussa la porte de la salle. Dans un des volets vermoulus, une large fente laissait passer quelque clarté. Gwen revit les vieux meubles familiers, le tapis fané sur les dalles, son petit fauteuil, la table où était demeuré le panier à ouvrage de Varvara. Elle s’assit, tout son petit corps secoué de sanglots. Devant ces gens qui la traitaient avec tant de malveillance et de dureté, à Coatbez, elle retenait ses larmes, elle ne disait mot de son grand chagrin. Mais, ici, elle pouvait pleurer à son aise, appeler tout bas, désespérément :

— Maman !… maman !…

Hélas ! aucune voix ne lui répondait. Elle était seule, toute seule dans la vieille maison, toute seule dans le monde, au milieu d’étrangers hostiles qui la traitaient comme un être