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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/71

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encombrant, sans jamais lui faire l’aumône d’un mot de bonté, d’un peu de bienveillance.

— Maman !… maman !

Où l’avait-on mise, cette mère chérie ? Dans le cimetière, avait dit M. Dourzen. Gwen le connaissait, le petit cimetière de Lesmélenc qui entourait encore l’église, comme au bon vieux temps. Mais à quel endroit se trouvait Varvara Dourzen ?

Le vent gémissait dans la grande cheminée de pierre, dont le manteau portait le blason des Dourzen : un poisson volant, symbole de ces gentilshommes aventuriers qui avaient navigué sur toutes les mers. Il s’acharnait sur la vieille maison, bâtie en solide granit. Mais Gwennola n’avait pas peur. Elle avait vu plus d’une tempête à Ti-Carrec et sans doute était-ce le sang des Dourzen, les hardis navigateurs, qui lui faisait prendre plaisir aux bruits du vent déchaîné ou, quand elle était sur la côte, au soulèvement de l’océan furieux. Elle avait dit un jour à sa mère : « Je voudrais aller faire un grand voyage, loin, loin, sur la mer. » Ainsi, la race aventureuse dont elle sortait parlait déjà en cette toute petite fille qui portait le nom de Dourzen.

Le temps s’écoulait, et Gwen ne bougeait pas. Peut-être était-ce l’heure du déjeuner, à Coatbez. Quand elle rentrerait, on la gronderait, on la battrait sans doute. Mais tant pis ! Elle aurait au moins revu la maison qui gardait le souvenir de sa mère.