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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/20

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


de vieux ormes s’alignaient, en trois rangées. En face, une allée d’eau s’étendait entre des restes de plates-bandes envahies par une végétation folle, qui couvrait aussi les deux allées longeant des charmilles revenues à l’état sauvage. Au fond de la perspective, dans la lumière légère d’octobre, se dressait un petit château du dix-huitième siècle. Le coup d’œil expérimenté de M. de Montluzac le jugea aussitôt : « Un pur bijou du temps. Mais s’il est aussi bien entretenu que ce jardin !… »

Il ouvrit la petite porte et entra. Sans se presser, il s’engagea en pleine herbe, le long de l’allée d’eau. De près, l’abandon lui apparut plus complet encore. Tout, ici, depuis des années, devait être laissé aux caprices de la nature et aux bons soins des intempéries. Comme il avait extraordinairement plu cet été là, l’herbe avait levé avec abondance, et rien n’échappait à son envahissement. L’eau elle-même, l’étroite bande d’eau aux sombres luisances d’étain disparaissait presque en certains points sous la poussée folle des longues tiges souples, courbées vers elle, plongeant dans l’onde immobile.

Tout au bout de l’allée d’eau, dans un inextricable fouillis de parasites qui laissaient deviner vaguement la forme presque disparue d’une