Aller au contenu

Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


16
L’ONDINE DE CAPDEUILLES


pelouse oblongue, se dressait une statue de faune. Le petit dieu moqueur était devenu d’un vert noirâtre, et son visage n’avait plus de forme. Mais il étendait toujours sa main droite en un geste folâtre et malicieux, qui semblait d’une ironie cruelle devant cette désolation des choses.

Puis une cour s’étendait — couverte d’herbe, elle aussi. Et Odon vit de près le château. Là encore, la ruine avait travaillé. De loin, on ne distinguait que les lignes élégantes, la parfaite ordonnance des proportions, l’harmonieuse beauté de l’ensemble. Mais rien ne pouvait faire illusion maintenant à M. de Montluzac. Il remarquait les crevasses innombrables, les cannelures légères des pilastres qui s’émiettaient, et, dans les hautes fenêtres cintrées ouvrant de plain-pied sur une large marche de pierre moisie, les petites vitres verdâtres brisées, remplacées par du papier.

Il songea : « Mais c’est la ruine !… la ruine complète ! »

Maintenant, il ne faisait plus de doute pour lui que M. de Capdeuilles l’eût appelé dans le but de solliciter une aide pécuniaire. Et pour le persuader plus aisément, il avait voulu qu’il vînt constater par lui-même la misère de Capdeuilles.

Toutes les fenêtres, sur cette façade, étaient closes. Des volets jadis blancs, dont le bois se fen-