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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/219

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


pas les yeux de son côté. Elle semblait calme, elle riait, doucement, en écoutant Robert qui avait des mots spirituels. Naguère, en semblable circonstance, elle se serait réfugiée près de son cousin Odon, il aurait rencontré sans cesse son regard d’appel confiant, de timidité demandant à être rassurée. Quel changement, en si peu de temps !

La voix de Mme de la Roche-Bayenne s’éleva…

— Allons, en scène !

Les ondines disparurent, lentement. Alors, les habits noirs s’éclipsèrent, et gagnèrent la petite salle de théâtre. Odon se plaça près d’une porte, à l’écart. De là, grâce à sa haute taille, il pouvait apercevoir la scène. Sur celle-ci, une habile combinaison de lumières produisait une clarté pâle, changeante, dans laquelle évoluaient les ondines. Mme de la Roche-Bayenne avait minutieusement réglé les attitudes, les mouvements. En longue chaîne souple, les fées des eaux glissaient dans cette clarté, qui prenait les teintes mouvantes de l’eau vive. Puis la chaîne se soudait, aux deux extrémités, et un chant s’élevait, lent, mystérieux, d’un charme pénétrant. En ronde maintenant, les ondines glissaient toujours. Dans la lumière pâle, la robe de Roselyne avait un doux éclat d’eau argentée. Les nénuphars brillaient dans ses cheveux, autour de son délicieux petit cou de nym-