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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/249

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


loisir de penser à Roselyne. Son silence, depuis qu’elle se trouvait à Capdeuilles, en était une preuve cruelle !

Cette désillusion était affreuse. Il lui semblait que toujours, elle en souffrirait avec cette intensité poignante qui la courbait là, palpitante, comme un pauvre petit être frappé à mort.

Odon ! Les paroles de la comtesse Borelska, d’autres propos, entendus ensuite, à Seurres, le lui avaient laissé entrevoir si différent de l’être presque parfait qu’elle avait imaginé, en son esprit d’enfant innocente ! Elle l’aimait toujours, mais avec crainte, avec un peu d’effroi. Jamais plus, maintenant, elle n’oserait lui confier toutes ses pensées, lui demander conseil en toutes choses, comme elle le faisait l’hiver précédent. Jamais elle n’oserait lui laisser voir son affection si profonde, devenue timide, douloureuse, un peu défiante.

Mais lui-même avait montré qu’il désirait que cette affection ne se manifestât plus. Elle l’avait compris, et s’était préparée à l’attitude nouvelle qui convenait. Par exemple, elle se demandait comment elle avait eu la force de la maintenir, pendant les quelques jours qu’il avait passés à Seurres, en même temps qu’elle. Mais il lui était si insoutenable de penser qu’elle pouvait être une